Profession solennelle de Soeur Jeanne-Sophie Leroy 31 décembre 2023
Soeur Jeanne-Sophie, après être sortie de clôture, entre dans l'église abbatiale, précédée du clergé et suivie des prélats et de sa famille
Après le chant du Credo, l’évêque étant à son siège devant l'autel, le diacre entonne l'antienne :
Prudéntes vírgines, aptáte lámpades vestras : ecce Sponsus venit, exíte óbviam ei.
Vierges sages, préparez vos lampes : voici l'Époux qui vient, sortez à sa rencontre.
La future professe allume son cierge, acte symbolique de sa volonté d’aller à Dieu à la lumière de sa foi,
L’évêque l'appelle en chantant cette antienne :
Veni, fília, audi me, timórem Dómini docébo te.
Venez, ma fille, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.
Elle répond tout en marchant vers l’autel :
Et nunc sequor in toto corde, te tímeo, et quæro faciem tuam vidére : Dómine, ne confúndas me, sed fac mihi iuxta mansuetúdinem tuam et secúndum multitúdinem misericórdiæ tuæ.
Oui, Seigneur, je mets tout mon cœur à te suivre, à te craindre, à rechercher ton visage. Ô Seigneur, ne confonds pas mon attente, mais agis envers moi selon ta bonté et ton amour infini.
L’évêque interroge alors la future consacrée sur sa détermination de s'engager à la suite du Christ :
℣ Fília, iam per baptísmum peccáto mórtua ac Dómino sacráta, vis, monásticæ professiónis título, árctius Deo coniúngi ?
℟Volo.
℣Vis in sanctæ virginitátis propósito perseveráre ?
℟Volo.
℣ Ma fille, déjà par le baptême vous êtes morte au péché et consacrée au Seigneur. Voulez-vous lui être unie plus intimement par le lien de la profession monastique ?
℟ Oui, je le veux.
Voulez-vous persévérer toute votre vie dans votre résolution de virginité consacrée ?
℟ Oui, je le veux.
Profession Monastique
Ensuite l'abbesse invite la future professe à s'engager par les vœux monastiques de stabilité, conversion des moeurs et obéissance. Cet engagement est pris par la lecture publique puis la signature de la charte.
Le vœu de stabilité est propre à la Règle bénédictine. Par ce vœu, la moniale se lie définitivement au monastère de sa Profession.
La conversion des mœurs marque la disposition habituelle à orienter toujours sa vie dans le sens du bien et inclut les vœux de pauvreté et de chasteté communs à toute vie religieuse.
Enfin, l'obéissance est le don plénier de l'âme et de la volonté, résumant l'engagement total à la suite du Christ, venu faire "non sa volonté mais la volonté de son Père".
℣ Filia, quæ relícto sculo, confúgium fecísti ad Deum, ecce stas coram eo, et coram hoc sacrosáncto altári, ante præséntiam sorórum quæ hic consístunt : Promittis stabilitátem tuam in hoc monastério Sanctæ Cæcíliæ de Solesmis firmáre ?
℟ Promitto
℣ Promittis, per ducátum Evangélii, conversatiónem morum tuorum secúndum Régulam sancti Patris Benedícti assúmere ?
℟ Promitto
℣ Promittis, nihil tibi Christo cárius exístimans, obediéntiam profitéri ?
℟ Promitto
℣ Ma fille, vous avez quitté le monde et vous êtes venue vivre près du Seigneur. Voici que vous vous tenez devant lui, face à l'autel, en présence de votre famille monastique. Promettez-vous de vous fixer par le vœu de stabilité dans ce monastère de Sainte-Cécile de Solesmes ?
℟ Oui, je le promets.
℣ Promettez-vous de suivre le chemin tracé par l'Évangile et de mener la vie monastique selon la Règle de saint Benoît ?
℟ Oui, je le promets.
℣ Promettez-vous, dans un amour jaloux pour le Christ, de professer publiquement obéissance ?
℟ Oui, je le promets.
L’abbesse confirme le propos de la professe en disant :
Qui cœpit in te Deus, ipse perficiat.
Que le Seigneur achève en vous ce qu'il a commencé.
Tous : Amen.
La professe complète cet engagement oral par la lecture de la charte de profession qu'elle a écrite de sa main et qu'elle signe alors. Elle la présente ensuite à l’évêque, à l’abbesse, à sa famille, avant d'aller la déposer elle-même sur l'autel.
In nómine Dómini nostri Iesu Christi. Amen.
Anno ab Incarnatióne Dómini bis millesimo vicesimo tertio die tricesima prima mensis decembris, ego soror Ioanna Sophia Mechtildis Dyonisia Leroy, (...)
Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.
L’an de l’Incarnation du Seigneur 2023, le 31 décembre, moi Sœur Jeanne-Sophie, Mathilde, Denise Leroy, née à Colombes au diocèse de Nanterre,
en vos mains, très Révérende Mère Claire de Sazilly, Abbesse de ce monastère de Sainte-Cécile de Solesmes, je promets à Dieu pour toujours, stabilité, vie monastique et obéissance selon la Règle de Saint Benoît et les Déclarations du monastère Sainte-Cécile de Solesmes, de la Congrégation de Solesmes, de l’Ordre de Saint Benoît, devant les Saints dont les reliques sont ici et en présence de son Excellence Monseigneur Jean-Pierre Vuillemin, évêque du Mans, du très Révérend Père dom Geoffroy Kemlin, abbé de Saint Pierre de Solesmes et Président de la Congrégation de Solesmes, et des moniales de ce monastère.
La nouvelle professe exprime sa donation en chantant trois fois ce verset du psaume 118, repris chaque fois exclusivement par ceux qui ont émis les vœux de religion :
et non confúndas me ab exspectatióne mea.
Súscipe me Domine secúndum elóquium tuum et vivam,
Accueille-moi, Seigneur, selon ta Parole, et je vivrai.
Ne déçois pas mon attente.
Vêture
Avant que la nouvelle professe soit revêtue de la coule, vêtement propre de l'ordre monastique, l’évêque dit :
Adésto, Domino, supplicatiónibus nostris...
Sois attentif à nos supplications, Seigneur, daigne bénir celle qu'en ton Nom nous revêtons de l'habit monastique. Par ta grâce, qu'elle persévère dans le don total d'elle-même et mérite d'avoir part à la vie éternelle. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
L'Abbesse remet la coule à la professe en disant :
Accipe hábitum sancti Patris Benedícti...
Recevez l'habit de saint Benoît. Puissiez-vous par la vie monastique, par la stabilité et l'obéissance que vous avez promises, vous joindre aux saints Anges et aux Saints qui ont porté cet habit, pour être éternellement unie à Dieu.
Tandis qu'elle revêt la coule, les moniales chantent :
Regnum mundi et omnem ornátum sculi contémpsi propter amórem Dómini nostri Iesu Christi : * Quem vidi, quem amavi, in quem crédidi, quem diléxi. : Eructávit cor meum verbum bonum, dico ego ópera mea Regi. * quem vidi….
J'ai renoncé au monde et à tous ses ornements, pour l'amour de notre Seigneur Jésus Christ : *lui que j'ai vu, que j'ai aimé, en qui j'ai cru, que j'ai choisi. : Mon cœur est tout vibrant de belles paroles, je consacre mes œuvres au Roi. *Lui que…
Consécration des vierges
La professe va s'agenouiller devant l’évêque qui l'interroge sur sa décision d'être consacrée par l'Église au titre de la virginité. Saint Paul écrit dans sa lettre aux Éphésiens : « Le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle. » La vierge consacrée est appelée à rendre visible au sein du peuple de Dieu ce mystère des noces du Christ et de l’Église et c’est pourquoi l’Église, voyant en elle une image de ce qu’elle est elle-même, n’hésite pas à la nommer « épouse du Christ ».
℣ Vis consecrári ac Dómino nostro Iesu Christo summo Dei Filio sollémniter desponsári ut opus grátiæ virginális exérceas in Ecclésia ?
℣ Voulez-vous être consacrée et unie comme épouse à notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Dieu Très-Haut, afin de vivre dans l'Église la grâce de la virginité ?
Elle répond les mains jointes dans celles du prélat :
℟ Volo, et, auxiliánte Dómino, perpétuæ virginitátis propósitum coram te, pater, profíteor et pópulo sancto Dei.
℟ Oui, je le veux, avec la grâce de Dieu, et je professe devant vous, Père, et devant le peuple saint de Dieu, ma résolution perpétuelle de virginité consacrée.
L’évêque invite l'assemblée à la prière afin que Dieu daigne consacrer celle qui s'est vouée à lui :
Orémus Deum Patrem omnipoténtem
Prions Dieu, le Père Tout-Puissant, par son Fils, notre Seigneur, afin que l'Esprit répande sa grâce en abondance sur celle qu'il s'est choisie pour lui être consacrée. Que la bienheureuse Vierge Marie et tous les Saints, intercèdent pour nous auprès de Dieu.
Tous se lèvent alors pour chanter les litanies des saints tandis que la future consacrée se prosterne.
La moniale se met à genoux devant l’évêque, qui, les mains étendues, chante sur elle la solennelle prière de consécration des vierges.
Deus, castórum córporum benígnus habitátor, et incorruptárum, Deus, amátor animárum ;
Ô Dieu, qui dans ta bonté habites en ceux qui te sont consacrés ; ô Dieu, qui aimes les cœurs libres et purs ;
Ô Dieu, qui dans ton Verbe par qui tout fut créé, renouvelles la nature humaine viciée par la ruse du démon en nos premiers parents. Tu veux non seulement lui rendre l'innocence première, mais encore l'élever à une certaine expérience des biens du monde à venir. Et sans la soustraire à la condition mortelle, déjà tu l'achemines vers la ressemblance des anges.
Regarde, Seigneur, notre sœur qui remet entre tes mains sa décision de garder la chasteté et de se consacrer à toi pour toujours en réponse à ton appel.
Comment un être de chair pourrait-il, en effet, maîtriser les appels de la nature, renoncer librement au mariage, s'affranchir des usages et des impulsions de la jeunesse, si tu n'allumes cette flamme, Seigneur, si tu n'alimentes ce désir, et si ta puissance ne l'entretient ?
Sur tous les peuples, tu répands ta grâce ; et de toutes les nations du monde tu te donnes des fils et des filles plus nombreux que les étoiles du ciel, héritiers de la nouvelle Alliance, enfants nés de l'Esprit, et non pas de la chair et du sang.
Parmi tous les dons ainsi répandus, ta largesse accorde à certaines âmes la grâce de la virginité. Oui, c'est de ton inspiration que naît cet appel et non pas d'un mépris du mariage qui reste l'état noble et saint, béni dès l'origine, (cf. Gn 1,28).
Elles ne veulent y renoncer que pour en vivre le mystère et ne l'écarter de leur vie que par amour de la réalité qu'il préfigure : l’union du Christ et de l'Église
La virginité bienheureuse a reconnu son auteur, et, rivalisant avec les Anges, elle se voue, dans le mystère nuptial, à celui qui est l'Époux de la virginité perpétuelle comme il est le Fils de Marie toujours vierge.
Accorde, Seigneur, ton soutien et ta protection à celle qui se tient en prière devant toi et qui attend de sa consécration un surcroît d'espérance et de force : Que jamais l'Esprit du mal, acharné à faire échec aux desseins les plus beaux, ne parvienne à ternir l'éclat de sa chasteté, ni à la priver de cette réserve qui doit être aussi la richesse de toute femme.
Par la grâce de ton Esprit-Saint, qu'il y ait toujours en elle prudence et mesure, bonté et sagesse, douceur et gravité, réserve et liberté ; qu'elle brûle de charité et n'aime rien en dehors de toi ; qu'elle mérite toute louange sans jamais s'y complaire ; qu'elle cherche à te rendre gloire d'un cœur purifié dans un corps sanctifié : qu'elle te craigne par amour, et par amour qu'elle te serve.
Et toi, Dieu, sois toute sa fierté, toute sa joie, tout son amour. Toi, sa consolation dans la peine, toi, sa lumière dans le doute, toi son recours dans l'injustice. Dans l'épreuve, sois sa patience, dans la pauvreté, sa richesse, dans la privation, sa nourriture, dans la maladie, sa guérison. En toi, qu'elle possède tout, toi qu'elle a préféré à tout.
Par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.
Tous : Amen.
La prière consécratoire achevée, le chœur des moniales chante ce répons :
Veni elécta mea et ponam in te thronum meum. Quia concupivit Rex spéciem tuam. : Audi, filia, et vide, et inclina aurem tuam.
Viens, toi que j'ai choisie : j'établirai mon trône en toi ; car le Roi s'est épris de ta beauté. : Écoute, ma fille, et vois, incline l'oreille de ton cœur.
Puis la professe debout chante cette antienne :
Ancilla Christi sum, ideo me osténdo servilem personam.
Je suis la servante du Christ, c'est pourquoi je me glorifie de ce titre de servante.
Remise des insignes de la consécration
Elle se met ensuite à genoux devant l’évêque qui lui impose le voile en disant :
Accipe velamen sacrum (...)
Recevez le voile sacré, signe de votre retrait du monde, de l'humble et véritable soumission d'épouse qu'à tout jamais, de tout votre vouloir et de tout votre cœur, vous aurez envers le Christ Jésus. Qu'il vous garde de tout mal et vous conduise à la vie éternelle.
La nouvelle consacrée chante cette antienne :
Il a placé un signe sur mon visage pour que je n'appartienne à nul autre qu'à lui
Posuit signum in faciem meam ut nullum præter eum amatorem admittam.
Elle se met ensuite à genoux devant l’évêque qui lui remet l'anneau
Accipe anulum fidei(...)
Recevez l'anneau de la foi, le sceau de l'Esprit Saint, pour porter désormais le titre d'épouse de Dieu et mériter, si vous le servez fidèlement, la couronne éternelle.
La moniale chante cette antienne :
Ipsi sum desponsáta cui Angeli sérviunt, cuius pulchritúdinem sol et luna mirantur.
Je suis maintenant l'épouse de Celui que servent les Anges, et dont le soleil et la lune admirent la beauté.
L’évêque remet enfin le livre de la prière de l'Église à la moniale :
Accipe librum(...)
Recevez le livre et ne préférez rien à l’œuvre de Dieu ; jour et nuit, au nom de l'Église, rendez gloire au Créateur.
Pour conclure elle chante cette antienne :
Ecce quod concupivi, iam video ; quod speravi, iam téneo : illi sum iuncta in cælis, quem in terris pósita, tota devotióne diléxi.
Ce que j'ai désiré, je le vois enfin, ce que j'ai espéré, je le possède, je suis unie dans les cieux à celui que, sur terre, j'ai aimé de toute mon âme.
Procession de sortie
Après la bénédiction, l’évêque prend sur l'autel la charte de profession pour la remettre à l'abbesse. Il entonne alors l'hymne d’action de grâce "Te Deum", pendant lequel la moniale est reconduite à la porte de clôture où l’accueille la communauté réunie. Une fois la porte de clôture refermée, la nouvelle professe reçoit de ses aînées le baiser d'accueil fraternel puis rejoint famille et amis au grand parloir.
DEO GRATIAS
QUE DIEU ACHEVE EN VOUS CE QU'IL A COMMENCE !